lien vers l'accueilLa tendresse


Michel Simon et sa petite fille Maya - Droits réservés cinémathéque suisse.

Il est déroutant. Et pas facile à comprendre, Simon le blessé, Simon le râleur, Simon l'odieux, Simon la tendresse. Méfiant et désarmé. Avec ses yeux pétillants de malice, et puis noyés par les larmes des souvenirs, et puis tout grand ouverts d'étonnement ; ce regard de voyou qui s'est bagarré, dont le nez garde la marque des gnons et le corps, les cicatrices des coups de couteau. Oui, déroutant. Des yeux qui croient à la vie quand le sourire n'y croit pas. " Il est drôle quand il dit des choses tristes en mordant dans les mots, méchant comme un gosse qui tourmente ce qu'il aime. Il a une âme sans ride et sa rancœur contre tout ce qui existe, c'est son ronronnement de bonheur à lui…il a mauvais caractère et ne fait de mal à personne. Mais ça pour le savoir, il faut bien le connaître "…(D.Chantal).

On dit qu'il déteste les gens, il dit qu'il préfère les animaux parce qu'eux ne vous déçoivent jamais : " ils apportent de la beauté sur la terre, ils apportent de l'intelligence ce qui est plus rare, ils apportent de l'amour ce qui est plus exceptionnel ". Il passe son temps à régler des comptes, se croyant souvent persécuter du monde entier. Mais dès qu'on le rencontre, il se tasse en face de vous, il fond, il parle doucement, son visage se déplie, confiant, merveilleusement souriant. Incurable naïf.

"Je suis né à Genève, de braves gens qui ne méritaient pas ça. La charcuterie de mon père était bien propre et ma mère tenait la caisse. Elle n'avait pas le temps de s'occuper de la petite chose encombrante que j'étais. J'ai été élevé par un saint bernard et un rossignol. On voulait que je fasse des études pour être avocat, parce que je n'avais aucune disposition pour tuer un cochon. Je n'ai jamais été capable de tuer un cochon. J'étais un bon à rien. Avant-dernier en classe parce que le dernier ne venait jamais. Les gens m'ennuyaient. Je n'étais absolument pas fait pour être acteur. Mais j'en rêvais déjà à l'école quand je faisais le pitre. Ou bien quand je livrais les saucisses de mon père ; ça lui faisait perdre des clients…A quatorze ans, je voulais être clown. J'ai demandé l'argent à mon père pour m'acheter un costume rutilant. Il a dit non, le brave homme ! "

©copyright Brigitte CHENEVIER webmaster