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Michel Simon bébé. Droits réservés à la Cinémathèque Suisse

Michel Simon naît le 9 avril 1895, même année que le cinématographe, "un malheur n'arrive jamais seul", à Genève, en Suisse. Il s'affirme dès l'enfance : un esprit d'une vivacité peu commune, épris de liberté individuelle, un amour éperdu de toute forme de vie et un sens de l'observation extrêmement aigu.

Michel Simon avec ses parents.Droits réservés à la Cinémathèque Suisse

Très tôt, cet anti-conformiste abandonne tout, la charcuterie de son père, le calvinisme, les études et sa famille pour monter à Paris. Il y vit en plein cœur populaire, exerçant divers petits métiers pour subsister (donnant des leçons de boxe ou vendant des briquets de contrebande à la sauvette), dévorant tous les livres qui lui tombent sous la main (avec une prédilection pour les écrits de Courteline), et "approfondissant par l'expérience sa connaissance du genre humain ".

Il gîte à l'hôtel Renaissance, rue Saint-Martin, puis à Montmartre, et débute modestement dans le monde du spectacle en faisant le clown et l'acrobate pour "faire valoir " un numéro de danseurs (les Ribert's and Simon's), puis un prestidigitateur.

Rappelé en Suisse au moment de la guerre de 1914, il est le plus indiscipliné des soldats et passe le plus clair de son temps aux arrêts ou à l'ombre des cachots, si bien que sa santé s'en ressent, et il doit être hospitalisé.

C'est en 1915, au cours d'une permission, que sa vocation se déclare : il voit Georges Pitoëff faire ses débuts d'acteur en langue française, dans l'Hedda Gabler, d'Ibsen, au théâtre de la Comédie de Genève. Ce n'est que cinq ans plus tard, pourtant, en octobre 1920, qu'il fera son apparition dans la troupe des Pitoëff en disant trois répliques de Mesure pour Mesure, de Shakespeare (le rôle d'un greffier).

Entre temps, il s'est voué au métier de photographe, d'ailleurs avec talent...et il a tiré le portrait de la plupart des membres de la troupe, cette troupe dont Michel Simon suit le destin lorsqu'elle vint s'établir à Paris, à la Comédie des Champs-Élysées, au début de 1922.

Il la quitte pourtant l'année suivante, devient un acteur de Boulevard pendant quelques temps, jouant des vaudevilles de Tristan Bernard, d'Yves Mirande et de Marcel Achard. Ce dernier le présente à Dullin, dans la compagnie duquel Simon joue une pièce d'Achard (Je ne vous aime pas avec Valentine Tessier). Puis il est engagé par Louis Jouvet qui a remplacé Pitoëff à la Comédie des Champs-Élysées.

C'est avec Jouvet, dans une pièce d'Achard, Jean de la lune, que Michel Simon s'impose d'une façon éclatante, le 18 avril 1929. Son talent inimitable fait du rôle -au départ secondaire- de Cloclo, la principale attraction de la pièce : " Simon pétarada comme jamais, faisant de Cloclo un type inoubliable comme Arlequin, Sganarelle ou Pantalon, dont le ton chantant (en fausset) des innombrables répliques demeurées fameuses ne peut être dissocié des répliques elles-mêmes ".

La carrière théâtrale de Michel Simon va se poursuivre, de succès en succès (il joue Shakespeare et Bernard Shaw, Pirandello et Oscar Wilde, Gorski, Bourdet et Bernstein), mais c'est le cinéma qui va lui apporter une immense popularité.

Il débute à l'écran en 1925, d'abord en jouant au côté de Ivan Mosjoukine dans Feu Mathias Pascal, de Marcel l'Herbier, d'après Pirandello, et presque en même temps en participant à un film réalisé en équipe en Suisse, avec Jean Choux : La vocation d'André Carel (selon les méthodes de productions artisanales tout à fait identiques à celles dont la " nouvelle vague " française de 1958 revendiquera l'originalité).

Au cinéma muet, il apporte surtout un étonnant physique et un visage peu banal, d'une exceptionnelle mobilité. Une mobilité qu'il prend grand soin de ne pas transformer en tics, comme il arrive trop souvent par facilité à ce genre d'acteurs : voir par exemple combien rapidement, à la même époque, le jeu de Fernandel va se scléroser ! Michel Simon joue de ses données naturelles avec une virtuosité infinie : de la laideur intelligente ou sympathique, de la bonté ou de la naïveté, à la laideur grotesque ou inquiétante, cocasse ou stupide, malicieuse ou cruelle.

Sa vraie carrière cinématographique ne commence qu'avec le " parlant " : on s'aperçoit que l'élocution et même le timbre de voix de l'acteur sont aussi originaux que son physique et son jeu. Et le comédien est " inclassable " : comique, dramatique, tragique, vaudeville, il peut tout jouer avec un égal talent, avec une intelligence des rôles à peu près unique, dans autant de diversité. Très vite Michel Simon s' affirme dans la comédie. A son actif, cinquante cinq pièces de 1920 à 1965, et cent un films de 1925 à 1975.

Michel Simon et ses petites filles - Droits Réservés à la Cinémathèque Suisse

Ce " sacré grand-père " est un " monstre " de gentillesse, toujours à cheval entre la grogne (qui n'était jamais sérieuse !) et le rire, haut perché et malicieux.

Il donne du corps à bon nombre de films, qui sont devenus des chefs d'œuvre en partie grâce à lui : " La chienne ", " Boudu sauvé des eaux ", " La poison " et l'inénarrable " Drôle de drame "...Renoir, Vigo, Carné ont trouvé en Michel Simon non seulement un acteur, mais aussi une âme...et une voix !

" Vous avez dit bizarre ? ... " Non ! Quand on voit le talent de Michel Simon éclater sur l'écran, cela n'a rien de bizarre. Sa carrière éblouissante, il la doit à lui-même, et à personne d'autre. Jamais on oubliera " le vieil homme et l'enfant ", car, c'est dans ce film que des millions de français ont trouvé leur " grand-père " idéal : à l'image du pays : bon comme le pain blanc...

Michel Simon décède le 30 mai 1975, en ayant marqué son époque et bien d'autres, s'imposant comme le plus grand acteur du monde de ce premier siècle du cinéma.

Michel Simon repose au Cimetière au Grand-Lancy à Genève (tombe no 3019/E), place du 1er-Août ,auprès de ses parents, selon ses dernières volontés.

sépulture de Michel Simon




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